Les parterres de broderies de buis du Château de Vaux-le-Vicomte sont un palimpseste qui donne à voir par couches successives l’histoire de l’évolution du jardin. Lorsqu’en 1656 André Le Nôtre crée les premières broderies il inventa un univers, une signature. En 1923 Achille Duchêne en redessina les contours. Cette superposition nous avons souhaité la donner à voir dans une oeuvre qui hybride les époques et les courbes.
Qu’est ce qui caractérise ce lieu au-dela des Buis mourants ? L’alternance des pleins et des vides qui dessinent des arabesques, des méandres et des sinuosités. La richesse, l’ostentation et la dorure. Porter l’or au jardin. Permettre aux boulingrins de rayonner à nouveau et d’appeler, au loin, Hercule.
Quel est donc le matériau capable de résister sans jamais faillir à son esthétique ? Suffisamment malléable mais rigide tel le Buis nous permettant de dessiner des espaces ? Le métal doré. Une seule feuille de métal doré inondant les deux boulingrins en lévitation à 30 cm du sol – gabarit des buis taillés. Dans un jeux transparence et d’aplats. Le vide autour des buis devient plein et le plein des buis devient vide. Ce vide c’est la métaphore de l’arrachage. Le souvenir d’une présence. Le public pourra ainsi voir le tracé des Buis sans Buis telle une empreinte laissée, une cicatrice. A cela s’incruste les motifs initiaux d’André Le Nôtre qui apparaitront en filigrane grâce à la perforation de la tôle. Là où les Buis de Le Nôtre étaient plantés, il y aura perforations. Là où il n’y avait pas de Buis, la tôle resta pleine. Ainsi se révéleront les dessins par pointillisme où la densité de perforation – en rond comme si la chenille de la Pyrale avait grignoté progressivement la feuille dorée – donnera à voir une broderie oubliée.